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Une pause dans le chaos
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14 novembre 2004

Sundance film festival

Le Sundance Festival a permis au cinéma indépendant américain et international de toucher un public plus large. Ces films qui deviennent plus rentables suscitent désormais la convoitise des studios d'Hollywood, qui dépensent des sommes colossales pour les acheter. Pour les aficionados, l'esprit d'origine en pâtit déjà.

" Sexe mensonges et vidéo " de Steven Soderbergh marque un tournant radical dans l'évolution du Sundance Festival, où il est projeté en 1989. Son succès à la sortie dans les salles est une première pour un film indépendant. Le festival plutôt confidentiel, prisé surtout des réalisateurs, organisé dans une petite station de ski de l'Utha, Park City, à quelques kilomètres de Sundance, attire soudain davantage de visiteurs et, de plus en plus, les majors d'Hollywood (Miramax, Sony Classics, Lions Gate ...)

Tremplin
C'est en 1985 que Robert Redford et l'équipe du Sundance Institut héritent de la gestion de l'ancien festival américain de l'Utah -Utah/Us Film Festival-, qui promeut surtout le cinéma indépendant américain et l'organisation de séminaires. Sous l'égide du Sundance Institut, qui soutient d'ores et déjà les cinéastes et scénaristes indépendants, le Sundance Festival sert de tremplin aux réalisateurs dont c'est souvent, si ce n'est le premier film, en tout cas le premier abouti. Dix jours en janvier cruciaux, du 15 au 25 cette année, pour tenter de trouver un distributeur ou être au moins remarqué. La liste des " Sundance kids " lancés par le Sundance Festival est longue : Quentin Tarentino (Reservoir Dogs), Christopher Nolan (Memento), Vincent Gallo (Buffalo 66), Daniel Myrick et Eduardo Sanchez (The Blair Witch Project), Shari Springer Bermanet Robert Pulcini pour "American Splendor" et Catherine Hardwicke pour "Thirteen", à l'affiche en France actuellement primés à Sundance 2003, en font notamment partie. Cette série de succès cinématographiques a consolidé la réputation internationale de Sundance et son rayonnement médiatique, au point de le voir comparer à Cannes. 3248 films en 1999, 3933 en 2001, chaque année le nombre de films y compris les courts-métrages qui tentent la sélection, enfle. Sur 5368 films visionnés en 2003, seuls 129 longs-métrages et films documentaires ainsi que 90 courts-métrages ont été retenus : franchir le cap du casting s'avère de plus en plus difficile. Cependant une telle fertilité répond à l'exigence d'origine de Robert Redford " favoriser la diversité par l'expression de points de vue émanant d'endroits différents de la planète et d'ethnies différentes. "

Hétéroclite
La programmation, vaste et hétéroclite, est au diapason : pas moins de dix catégories, dont deux sections principales, longs-métrages et films documentaires américains ou étrangers. Les festivités s'ouvrent sur la grande soirée de Gala, Opening night , avec l'avant-première de "The clearing" avec Robert Redford et "Edge of America" de Chris Eyre, un réalisateur amérindien. Les courts métrages sont à l'honneur comme les quatre-vingt-dix présentés en 2003. A l'écran, dans la catégorie baptisée à juste titre Frontier, des films du même accabit qu'" Irreversible " de Gaspard Noé, " Cremaster 3 " de Matthew Barney ou " Beau travail " de Claire Denis, provoquent, défient et font évoluer les status quo cinématographiques actuels. Un état d'esprit qui ressort également de Park City ad Midnight, des projections nocturnes durant lesquelles en 1999, l'inattendu et hors du commun " Projet Blair Witch " fit sensation. Depuis 1985, le Sundance change d'envergure et enrichit son programme par la diffusion de films documentaires étrangers depuis 2003 ou l'inauguration du Sundance Online Film Festival en janvier 2001. La seconde édition de cet événement témoigne des " nouveaux modes d'expression artistiques par et pour le web " selon Trevor Groth, chargé de la programmation. Elle démarre le 20 décembre 2003 avec un florilège de films d'animation, expérimentaux, en trois dimensions, interactifs, qui exploitent la diversité des techniques graphiques et digitales. La conception artistique de " Twin Killing " ou " 360 degrés Stories " (stéréoscopie, 3 D, flash ) est fascinante. Tragédie du 11 septembre, système carcéral de la justice criminelle américaine, le propos est hyper-réaliste et loin de n'être qu'esthétisant. Le Sundance Online Film Festival Award est décerné en fonction du vote des internautes. Une version de Sundance qui n'échappe pas à la flopée de récompenses et frise " l'oscarisation".

Multiplication des Prix
Prix du Grand Jury, Prix de la réalisation , comme " American splendor " et " Thirteen " en 2003, prix de l'audience pour lequel concourt, " Good bye Lenin " de Wolfgang Becker en janvier, on compte plus d'une quinzaine de gratifications. Même " L'American spectrum ", sanctuaire " des hors compétitions" remporte un prix de l'audience, comme pour " The Station Agent " de Tom MacCarthy en 2003. La multiplication de prix sur ces dix dernières annés déclenche la polémique : Sundance Festival " mondialisé, banalisé " s'écarterait de sa mission d'origine, promouvoir le cinéma indépendant et montrer des films qui ne l'auraient jamais été ailleurs.

Critique
L'intérêt de plus en plus vif de l'industrie cinématographique américaine, déclenché par le succès très lucratif de " Sexe, mensonges et vidéo " (1989) fait gronder la la critique. Sa prospérité économique fait craindre la pire. 135922 entrées vendues en 1999 et 142 000 en 2001, à des forfaits variant de 200 dollars (pour le week-end de clôture) à 2500 dollars et même plus. Des sponsors prestigieux, Volkswagen, Microsoft ou Coca-Cola. Certes le festival n'a pas à priori les allures d'une méga-organisation, car ses conditions d'accueil, plein hiver, neige et surencombrement de Park City, restent toujours aussi inconfortables. Une facette que Robert Redford entend conserver afin de " ne jamais ressembler à Cannes. " Mais les studios convoitent de plus en plus les films indépendants de Sundance, qui sont de vraies mines d'or. Les distributeurs rachètent pour des sommes astronomiques, les droits d'exploitation : Miramax films, 1,5 millions de dollars pour " The Station Agent ", Fox Search Light, 2 millions de dollars pour " Thirteen " par exemple. De quoi alimenter la critique, qui pointe du doigt le manque d'originalité et la médiocrité des films. Même Nicole Guillemet, ex co-directrice de Sundance confie " être attristée de constater, qu'il n'est plus question de réaliser un bon film mais de présenter celui susceptible de gagner à Sundance. " Pour Geoff Gilmore, directeur du Festival " il est clair que le rôle du Festival a changé. Face aux lois du marché, Sundance est devenue partie prenante de l'industrie. "

" Contre festival "
En réaction à la tendance élitiste et commerciale de Sundance, en 1995, une poignée de réalisateurs crée " un contre festival " : le Slamdance se tient simultanément à Sundance au même endroit à Park City au Treasure Moutain Inn (17 au 24 janvier 2004). " Si vous voulez voir de vrais films indépendants c'est à Slamdance " ripostent-t-ils dans un slogan, qui vente l'authenticité de leur programmation, qui privilègie les " vraies " avant-premières et les réalisateurs " vraiment " inconnus. Si les éminences de Sundance répliquent eux, que " s'ils veulent faire croire qu'ils sont à Sundance, ce que la quinzaine des réalisateurs est au festival de Cannes, ils ne sont que des parasites. " Une parade qui laisse perplexe quand on sait par exemple qu'avant de réaliser " Chrystal " en compétition en janvier à Sundance, Ray McKinnon a remporté pour son court métrage " The Accountant " un prix à Slamdance en 2001. Même scénario pour Christopher Nolan récompensé pour " Following " à Slamdance 1999 puis pour " Memento " à Sundance 2001.

http://festival.sundance.org/2005/?=guide&46

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